Sauvegarde des retenues d'eau: La digue du barrage de Lelexé dans la Région du Plateau Central en souffrance fait l’objet d’une visite de la direction en charge des infrastructures hydrauliques
Selon Mme OUBIAN, le barrage qui a une capacité de 2 millions de M3 d'eau est en train de perdre près d'une moitié de sa quantité d'eau. « Nous avons constaté également une érosion régressive très profonde comprise entre 1 à 4 mètres par endroit débouchant sur le bras du cours d’eau. (…) » confirme-t-elle. La DGIH précise que le barrage a fait l’objet de rupture depuis l’année dernière. Elle explique cela par l’état de vieillesse de ces infrastructures qui ont été réalisés depuis les années 1960 comme la plus part des 1200 barrages que compte le Burkina Faso.
De ce fait, le ministère de l’eau et de l’assainissement a mis en place un projet de réhabilitation de l’ensemble des barrages du Burkina. Au regard de l’importance de la perte d’eau et compte tenu de la rareté de la ressource en eau, Mme OUBIAN/DERRA affirme : « Pour un pays sahélien comme le nôtre, ce sont des ressources qu’il faut vraiment mobiliser ».
Il faut souligner également que ledit barrage sert de liaison entre le village de Lelexé et celui de Bissiguin. Alors, du fait de la rupture et vue le débit de l’eau qui coule, relier les deux villages devient quasi impossible. Obligées de rebrousser chemin dès qu’elles arrivent au niveau du barrage, les populations sont désespérées : « Je revenais de ce côté et souhaiterais aller de l’autre côté mais arrivé au barrage ; je ne peux pas traverser. Quand nous désirons aller à la prière du vendredi, il y a de l’eau et on est obligé de rebrousser chemin. Alors, l’eau du barrage constitue présentement un danger entravant nos activités, de plus on ne peut plus se rendre au marché. Ce qui fait qu’on reste tout le temps oisif et nos enfants aussi ne peuvent pas mener leurs activités. », nous confie Awa DERRA, qui avait quitté Bissiguin et voulait rejoindre son habitation dans le village de Lelexé. Profitant de la présence de la délégation du MEA conduite par Mme OUBIAN/DERRA, les populations lancent un cri de cœur aux autorités. « Ce barrage est d’une valeur inestimable pour nous, il est utile à tous les habitants de Zitenga, il y a plus de 11 villages qui vivent de ce barrage, dans chaque village il y a au moins 1000 personnes ; donc si ce barrage cesse de fonctionner, nous n’aurons pas d’autre recours. » nous confie un habitant du village de Lelexé, Rasmané OUEDRAOGO. « Vraiment les problèmes sont nombreux, il y a des gens qui font du maraichage, mais ils ne peuvent pas venir travailler, sauf ceux qui sont de ce côté peuvent être sur place, ceux qui sont de l’autre côté ne peuvent pas traverser non plus. » regrette Awa DERRA. La réhabilitation de ce barrage est alors d’ordre capital.
Selon les témoignages des populations, des actions communautaires sont entreprises pour sauvegarder l’ouvrage : « il y a 4 à 5 ans que nous vivons cette situation. A chaque saison d’hivernage, nous cotisons pour chercher du ciment en vue de racoler. Quand les pluies cessent, nous recommençons les cotisations, c’est ce que nous faisons chaque fois. » dixit Rasmané OUEDRAOGO.
En rappel, le barrage de Lelexé a été réalisé depuis 1987 par l’ODE et le FEER avec une capacité de 2 000 000 m3. L’ouvrage dispose d’un aménagement de 32 ha en aval de type gravitaire et un autre de 30 ha en amont de type semi californien. Le ministère de l’eau et de l’assainissement tient à remercier l’interpellation citoyenne faite à travers les réseaux sociaux, salue et encourage de telles actions. Le département du Ministre Ousmane NACRO invite les populations bénéficiaires des ouvrages hydrauliques à plus de vigilance afin de pouvoir signaler tout disfonctionnement qui échappe au contrôle des services compétents. Quant à l’entretien des ouvrages, le ministère encourage les initiatives comme celles des habitants de Lelexé et environnants qui ont entrepris des actions locales pour empêcher le déversoir de céder complètement depuis plus de 4 ans.